Nos principes et nos valeurs dans une charte


La première ligne de soins a un rôle essentiel à jouer dans l'accompagnement des personnes qui présentent un trouble lié à l'usage de substances psychoactives ou un syndrome de dépendance. Le médecin généraliste est souvent la première porte, voire la seule porte, d'accès aux soins pour certaines personnes. 

Alto compte parmi ses membres des médecins généralistes, mais aussi des pharmacien.nes, des infirmier.ères et des psychologues, soucieux d'un accompagnement de qualité. Des principes fondamentaux et fondateurs de l'association les réunissent : ils sont inscrits dans la Charte du mouvement Alto.  

Ce texte exprime une philosophie générale durable. Il ne préjuge pas des modalités pratiques de l’accompagnement, qui évoluent en fonction des connaissances et de l’expérience et s’adaptent à la diversité des individus et des situations.

Ce texte, nourri par les réflexions des praticiens de terrain, a été élaboré à la demande du comité de coordination du mouvement Alto et révisé en 2022. 


les valeurs du reseau alto belgique

La charte se présente en trois parties.

Le mouvement Alto est un réseau de prestataires de soins de première ligne travaillant en Belgique francophone qui, au sein de leur pratique courante, accompagnent des personnes présentant des troubles liés à l'usage de substances psychoactives ou syndrome de dépendance aux produits réels ou virtuels, licites ou illicites, dans leur milieu (familial, social, économique, culturel, …).

Constitué en réponse aux nombreuses demandes d’aide, ce réseau, se veut aussi espace de rencontre et de formation où s’élabore un modèle d’accompagnement des personnes traitées par les prestataires de soins de première ligne, par une réflexion critique sur les pratiques.

Dans un souci d’indépendance intellectuelle, de rigueur scientifique et de crédibilité, les membres du réseau n’accepteront aucune forme de financement ou de sponsoring des firmes pharmaceutiques dans le cadre de leurs formations, recherches, publications et interventions dans les réunions scientifiques (congrès…) portant sur les troubles liés à l'usage de substances ou syndrome de dépendance.

Plusieurs lignes de force guident l’action médicale :

  • L’accompagnement d’une personne relève, pour le médecin, d’une décision personnelle et non d’une obligation. Il s’agit d’un accompagnement global de la personne, au niveau médical et relationnel. Il s’inscrit dans le cadre et aux conditions habituelles de l’exercice de la médecine générale (liberté de choix du médecin, liberté thérapeutique dans les limites des bonnes pratiques, respect de la déontologie, respect du consentement éclairé du patient et du secret médical).
  • Le médecin acquiert et entretient une connaissance médicale suffisante des produits, des usages, des approches thérapeutiques et des problèmes de santé liés à l’usage de produits. Il est attentif aux aspects de prévention, de réduction des risques et d’éducation à la santé.
  • L’établissement d’une relation thérapeutique, espace de dialogue chercheur de sens, marquant l’intérêt du médecin pour un patient reconnu dans sa globalité, est une composante essentielle de l’accompagnement. Sans juger ni cautionner, le médecin soutient inlassablement le patient dans son cheminement vers l’autonomie, construction de son propre destin dans le respect de soi et d’autrui.
  • Cette approche implique que le médecin reste attentif dans la durée, quelle que soit la longueur du traitement, aux diverses dimensions (médicale, psychologique, sociale, culturelle, économique, …) qui accompagnent l’évolution du patient. Le médecin se réserve le droit de limiter sa file active pour disposer d’un temps de consultation suffisant et assurer un suivi de qualité à chaque patient. De même, le médecin refuse toute prescription non fondée sur un projet thérapeutique, notamment celle des substances psychoactives détournées vers un mésusage.
  • Le médecin participe à la formation continue et aux intervisions afin d’échanger sur les pratiques, de rencontrer d’autres acteurs et aussi de partager d’éventuelles répercussions émotionnelles.
  • Le médecin veille à être conscient de ses propres limites et à s’assurer les collaborations éventuellement nécessaires. Il participe, si besoin est, à une approche pluridisciplinaire et s’ouvre aux aspects de santé communautaire.e personne

Les prestataires de soins de première ligne du mouvement Alto sont en contact permanent avec l’ensemble de la population. Ils sont souvent les premiers et parfois les seuls intervenants psycho-médico-sociaux à se rendre dans les familles. De par ce contact étroit avec la population, ils sont confrontés à la détresse de la personne et de sa famille, témoins d’une crise de société dont les usages de substances psychoactives ne constituent qu’un des symptômes.


Le mouvement Alto permet de rassembler les témoignages et de constater, dans les problématiques soumises, l’émergence de nouvelles pathologies et pratiques.


Ces problématiques de la désinsertion (absence de repères, absence d’intériorisation de valeurs, troubles somatiques, psychiques, sociaux, non-accès au travail, au logement, exclusion sociale et stigmatisation, etc.) sont des problématiques globales dont la dimension pathologique n’est qu’une pointe qui nous est offerte. Au nom de ce constat, le mouvement Alto souhaite renvoyer à la collectivité les problématiques qui lui sont amenées et interpeller le monde politique et l’ensemble de la société civile.

Le mouvement Alto souhaite offrir son savoir-faire de terrain et être inclus dans cette recherche.